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donderdag 31 mei 2012
PROCESOS DE CAMBIOS EN AMÉRICA LATINA Y SOCIALISMO DEL SIGLO XXI
Conférence donnée par Mr Rafael Correa, président de l’Equateur, à L’Université Catholique de Louvain-la-Neuve. Un compte-rendu de Melissa et Christophe, des membres d'intal.
Ce jeudi 26 novembre 2009, à l’occasion d’un passage de deux jours en Belgique ponctué de rencontres avec les personnalités traditionnelles du monde politique belge, Mr Rafael Correa, président de l’Equateur, nous a fait l’honneur de donner une conférence intitulée « Les processus de changements en Amérique Latine et le Socialisme du 21ème siècle » au sein des murs de L’Université Catholique de Louvain-la-neuve (UCL) ; université à laquelle il porte un attachement particulier pour la bonne et simple raison qu’il y fut étudiant, et y rencontra sa future épouse.
La conférence fut introduite par Mr Bruno Delvaux, recteur de l’UCL, qui rappela les 3 missions de l’université : enseigner, rechercher, et rendre service à la société. Il s’adressa d’abord aux étudiants présents, en leur soulignant l’importance de s’engager afin de rendre le monde meilleur et de lutter contre les inégalités qui malheureusement n’y sont que trop nombreuses, puis s’adressa à Mr Correa en le félicitant d’être cet exemple d’engagement, et lui rappela à titre anecdotique la prédiction que ce dernier avait un jour dit en blaguant lors de sa vie estudiantine : « Un jour, je serai président d’Equateur ! ». Croyait-il si bien dire ?
Mr le Président prit alors la parole et donna sans attendre le ton de son discours : « Le but de cette conférence est de défier les présomptions de la théorie économique dominante et sa réalisation en Amérique Latine. »
Il analysa premièrement l’implication du Fond Monétaire International dans son pays, en dénonçant son cruel manque d’objectivité politique et économique, et ses directives très éloignées de la réalité des besoins du peuple équatorien. Mr Correa n’hésite pas à remettre en cause la légitimité de cette institution financière internationale, qui prit unilatéralement des mesures économiques ultralibérales pour les gouvernements latino-américains lors du « Consensus » de Washington, auquel, paradoxalement, les gouvernements concernés n’ont pas été conviés à participer. Il demanda également pourquoi n’avait-on jamais songé à remettre en cause la théorie générale de l’économie de marché à la vue des résultats désastreux, ne serait-ce que d’un point de vue social, de ces politiques.
Après la mise en lumière des rouages de l’hégémonie étatsunienne sur les pays du sud, via ce moyen de pression et de subordination qu’est le FMI, Mr Correa précisa que c’est ce modèle politique qui a amené à la situation actuelle de non-développement de l’Amérique latine.
Mais « un vent de changement souffle désormais sur l’Amérique Latine ». En effet, Mr le Président observe qu’aujourd’hui « les gens osent penser leur avenir par eux-mêmes, et commencent à construire cette société où l’être humain est placé au cœur des préoccupations ». Ce Socialisme du XXI Siècle, comme le définit Mr Correa, est ce qui guide sa pensée politique. Selon lui, ce mouvement se caractérise par un profond humanisme, un sens profond de l’éthique, une conviction démocratique totale et une volonté de garder constamment un esprit critique sur le monde. Conscient de l’image « d’amas d’idées populistes » que les médias occidentaux donnent sur ce courant, il tient à dénoncer le phénomène de média-mensonges qui manipulent l’opinion publique et lui enlèvent toute objectivité. Pour lui, c’est au contraire un programme d’émancipation certes en constante construction et mutation, mais créatif. C’est cette capacité de s’adapter à la réalité de chaque région et chaque pays de l’Amérique latine qui en fait une de ses principales vertus.
Pour approfondir l’explication du socialisme du XXI siècle, Mr Correa se permit de faire une comparaison avec ce qu’il qualifie de « socialisme traditionnel ».
Tout d’abord, il partage avec le socialisme traditionnel cette opposition au néolibéralisme, et rehausse également l’importance de l’action collective et du rôle de l’Etat, « absent pendant cette triste nuit néolibérale ». Il a également la préoccupation pour la justice dans toutes ses dimensions : sociales, ethniques, régionales intergénérationnelles. Cette préoccupation est d’autant plus importante que l’Amérique latine est le continent le plus inéquitable du monde.
Cependant, le socialisme moderne tel que l’entend le président comporte également d’importantes différences avec le socialisme traditionnel. Selon lui, l’idée de matérialisme analytique est dépassée car elle s’est révélée être un échec face au dogme libéral. Il est également opposé à la théorie de la lutte des classes et à la violence que celle-ci entraîne. Pour lui, « la seule arme valable est le processus électoral. C’est grâce au vote des équatoriens que ce socialisme du XXI s’est imposé légitimement et a gagné 7 processus électoraux consécutifs ».
Mais la première différence cruciale entre ces deux socialismes concerne l’appartenance des moyens de production : tandis que le socialisme traditionnel souhaite étatiser ceux-ci, le socialisme du XXI siècle propose quant à lui que ce soient les « zones stratégiques » qui soient contrôlées par l’Etat.
En conclusion, on peut dire que la conférence de Mr Correa a dénoncé les ravages de notre système économique dans les pays du sud, et a annoncé la fin de ce règne néolibéral destructeur pour faire place à la construction d’une nouvelle ère, caractérisée par la réponse aux besoins des gens et non à ceux du profit. L’Amérique latine se donne aujourd’hui les moyens de ses ambitions en se détachant du modèle économique dominant et en se prenant elle-même en main via des forces alternatives telles que l’ALBA. Malgré les tentatives de contre-attaque par les Etats-Unis, comme le témoigne le coup d’Etat au Honduras, nous nous permettons de porter nos espoirs dans ce combat pour la création d’une société nouvelle, enfin débarrassée de toutes ces injustices et inégalités.
Melissa et Christophe
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