30Mercredi
juil 2014
PAROLES D’EXILÉS 11 – OCCUPATION GALOU
Posted in Paroles
Nasredine, Soudanais et habitant de l’occupation Galou, partage avec ses réflexions sur la situation qu’il a rencontrée à Calais en venant chercher l’asile en Europe.
Entretien en anglais :
Vous pourrez retrouver l’ensemble de ces sons en format mp3 surhttp://audioblog.arteradio.com/blog/Passeursdhospitalites/
Si vous souhaitez les utiliser pour une diffusion radio, nous pouvons vous les envoyer en format wav : écrivez-vous à passeurs.dhospitalites(at)laposte.net
A QUINZAINE DES PASSEURS D’HOSPITALITÉS 9
30Mercredijuil 2014
Posted
Du 11 au 30 juillet 2014
Après les expulsions du 28 mai et du 2 juillet, l’impasse de la politique gouvernementale à Calais est au grand jour. Une brèche est alors ouverte par l’occupation du site de l’ancienne entreprise Galloo, impasse des Salines, comme riposte, comme solution partielle, comme interpellation des autorités pour d’autres politiques. Le procès est venu très vite, la seule réponse des autorités ne semble être que la violence d’une nouvelle vague d’expulsions, de ce lieu à peine né comme pour le principal campement recréé après les expulsions précédentes.
Et, à travers un blog en français et un blog en anglais, des nouvelles de la situation des exilés dans les Balkans.
29 MARDI
JUIL 2014
OCCUPATION GALOU : TRIBUNE DE CHERCHEURS ET D’UNIVERSITAIRES
Posted
Parue hier dans Libérationhttp://www.liberation.fr/societe/2014/07/27/violence-d-etat-contre-les-exiles-de-calais_1071353
" Libération, 28 juillet 2014
Violence d’Etat contre les exilés de Calais
- Tribune -
A Calais, le 2 juillet, 610 étrangères et étrangers ont été, une nouvelle fois, délogés par les forces de l’ordre du lieu où elles et ils s’abritaient faute de solution alternative. Il en est systématiquement ainsi depuis que, le 5 novembre 2002, le gouvernement français a fermé et détruit le centre d’accueil des « réfugiés » situés sur la commune de Sangatte et géré par la Croix-Rouge.
Le 22 septembre 2009, la jungle de Calais a été évacuée et détruite : 276 migrants, dont 135 mineurs, ont été arrêtés.
Depuis la fermeture du centre de Sangatte, les camps et lieux de vie des migrants se sont multipliés autour des ports et le long des autoroutes A 16, A 25 et A 26 (Angres, Norrent-Fontes, Tatinghem, Grande Synthe, Steenvoorde…). Ils y survivent dans des abris de fortune, dans la promiscuité et l’insalubrité. Ces lieux sont régulièrement détruits.
Ces derniers mois, les événements se sont accélérés. Les évacuations des lieux de vie, les arrestations et les violences policières se sont multipliées.
Le 28 mai, à Calais, les lieux de vie et les biens personnels de plusieurs centaines de migrants sont détruits sur décision préfectorale pour cause d’une épidémie de gale ignorée depuis deux mois par l’administration malgré les appels répétés des associations. Le même jour, en protestation, les exilés occupent l’esplanade grillagée utilisée par les associations lors des distributions de repas.
Le 2 juillet, ce lieu est évacué en même temps que trois squats. Plus de 600 personnes (dont 121 mineurs) font l’objet de contrôles d’identité, sont emmenées dans des bus vers différentes villes et les documents de certaines d’entre elles sont confisqués. 206 personnes sont enfermées dans différents centres de rétention administrative. Ainsi éloignées, elles se retrouvent privées de leurs soutiens militants. Dans les jours suivants, la quasi-totalité des exilés interpellés sont de retour dans les rues de Calais.
Le 12 juillet, une manifestation de soutien réunit plus de 500 personnes. Le même jour, l’ouverture d’un nouveau squat dans une usine désaffectée, soutenu par plus d’une trentaine d’associations locales et nationales, est rendue publique.
Le 22 juillet, cinq personnes – trois migrants et deux militants – sont convoquées au Tribunal d’instance de Calais dans le cadre d’une audience d’urgence à la suite d’une plainte du propriétaire du site occupé. Cette plainte invoque la dangerosité de cet ancien site industriel, alors même que les zones les plus dangereuses ont été interdites d’accès par les occupants eux-mêmes.
Jeudi 24 juillet, le tribunal a statué pour l’expulsion, comme si l’occupation de l’usine relevait d’une envie collective de pur confort. Il n’a pas reconnu l’état de nécessité dans lequel se trouvent les exilés par la faute d’un État qui ne respecte aucune de ses obligations : droit à l’hébergement universel défini comme une « liberté fondamentale », droit au respect de la dignité humaine, droit à des conditions matérielles d’accueil définies par la loi pour les demandeurs d’asile, droit à la protection et à des mesures éducatives pour les mineurs isolés, droit à la santé, etc.
Nous, chercheurs, enseignants-chercheurs et universitaires,
Nous dénonçons le harcèlement policier, la multiplication sans alternative des évacuations des lieux de vie des migrants, et les destructions de leurs abris et effets personnels. Venus d’Afghanistan, d’Érythrée, du Soudan ou de Syrie, ils n’ont pourtant d’autres choix que de fuir la violence, l’injustice, la corruption et la misère.
Nous rappelons que les droits à l’hébergement, à l’accès aux soins, ainsi qu’à la protection des mineurs isolés sont des droits fondamentaux. Nous nous préoccupons du respect de ces droits ainsi que du respect de la dignité humaine sur l’ensemble du territoire français.
Nous constatons que l’assistance à personne en situation de grande précarité est aujourd’hui assurée par les associations et les militants alors qu’il s’agit de compétences de l’État.
Nous soutenons l’ensemble des associations et des militants engagés à Calais et dans les environs.
Nous interpellons le gouvernement et l’ensemble des élus pour qu’une solution de logement adapté et durable soit trouvée pour l’ensemble des migrants.
Liste des premiers signataires
- Michel AGIER, anthropologue, directeur d’études à l’EHESS
– Karen AKOKA, sociologue, maîtresse de conférences, membre du Gisti
– Étienne BALIBAR, professeur émérite de philosophie politique et morale, Paris Ouest Nanterre
– Marie-Laure BASILIEN-GAINCHE, professeure de droit public, Université Jean Moulin Lyon 3, membre de l’Iinstitut Universitaire de France
– Emmanuel BLANCHARD, maître de conférences en science politique, UVSQ, membre de Migreurop
– Luc BOLTANSKI, sociologue, directeur d’études à l’EHESS
– Anne BORY, sociologue, maître de conférences, Lille 1
– Ahmed BOUBEKER, sociologue, professeur des universités, Saint-Etienne
– Isabelle BRUNO, sociologue, Maître de conférences, Lille II
– André BURGUIERE, historien, directeur émérite à l’EHESS
– Evelyne BURGUIERE, sociologue, INRP
– Claude CALAME, helléniste et anthropologue, directeur d’études à l’EHESS
– Cécile CANUT, cinéaste et linguiste, professeure des universités, Paris Descartes
– Sébastien CHAUVIN, sociologue, maître de conférences à l’Université d’Amsterdam
– Olivier CLOCHARD, géographe, chargé de recherches CNRS, président de Migreurop
– Marguerite COGNET, sociologue, maître de conférences, Paris 7, membre de l’UMR URMIS
– Philippe COULANGEON, sociologue, directeur de recherche CNRS, Sciences Po
– Bruno COUSIN, sociologue, maître de conférences, Lille 1
– Christophe DAUM, anthropologue, maître de conférences, Université de Rouen
– Sonia DAYAN-HERZBRUN, sociologue, professeure émérite, Université Paris Diderot-Paris 7
– Jean-Philippe DEDIEU, sociologue, New York University
– Nicholas DE GENOVA, reader in Urban Geography, King’s College London
– Véronique De RUDDER, sociologue, chargée de recherche CNRS
– François-Xavier DEVETTER, économiste, maître de conférences, Télécom Lille 1
– Éric FASSIN, sociologue, professeur des universités, Paris 8
– Sébastien FLEURIEL, sociologue, professeur des universités, Université Lille 1
– Daouda GARY-TOUNKARA, historien, chargé de recherche CNRS, LAM / Sciences Po Bordeaux
– Nancy L. GREEN, historienne, directrice d’études à l’EHESS
– Jean-Luc GAUTERO, maître de conférences en Épistémologie, Logique et Histoire des Sciences, Université de Nice-Sophia Antipolis
– Virginie GUIRAUDON, sociologue du politique, directrice de recherche CNRS, Sciences Po
– Abdellali HAJJAT, maître de conférences en science politique, Université de Paris-Ouest Nanterre
– Abdelhafid HAMMOUCHE, sociologue, professeur des universités, Université Lille 1
– Martine HOVANESSIAN, anthropologue, directrice de recherche CNRS, Paris 7
– Liora ISRAËL, sociologue, maîtresse de conférences EHESS
– Nicolas JOUNIN, sociologue, maître de conférences, Paris 8
– Smaïn LAACHER, sociologue, professeur des universités, Strasbourg
– Rose-Marie LAGRAVE, sociologue, directrice d’études EHESS
– Sylvains LAURENS, sociologue, maître de conférences à l’EHESS
– Frédéric LEBARON, sociologue, professeur des universités, UVSQ
– Danièle LOCHAK, professeure émérite de droit public, Paris Ouest Nanterre, présidente honoraire du GISTI
– Lilian MATHIEU, sociologue, directeur de recherche CNRS
– Alain MORICE, anthropologue, directeur de recherche CNRS, membre de Migreurop
– Ugo PALHETA, sociologue, maître de conférences, Lille III
– Martyne PERROT, sociologue, chargée de recherche CNRS, section LDH à l’EHESS
– Mathilde PETTE, sociologue, postdoctorante, Lille 1
– Nicole PHELOUZAT, sociologue, IIAC, EHESS/CNRS, membre de la section EHESS de la LDH
– Laure PITTI, sociologue, maîtresse de conférences, Paris 8
– Swanie POTOT, sociologue, chargée de recherche CNRS, Université de Nice Sophia Antipolis
– Stéphanie PRYEN, sociologue, maîtresse de conférences, Lille III
– Romain PUDAL, sociologue, chargé de recherche CNRS
– Mirna SAFI, sociologue, chargée de recherche, Sciences Po
– Grégory SALLE, sociologue, chargé de recherche CNRS
– Camille SCHMOLL, géographe, maîtresse de conférences, Paris 7 Diderot
– Johanna SIMEANT, professeure de science politique, Paris 1
– Patrick SIMON, socio-démographe, directeur de recherche à l’INED
– Maud SIMONET, sociologue, chargée de recherches CNRS
– Serge SLAMA, maître de conférences en droit public, Paris Ouest Nanterre
– Alexis SPIRE, sociologue, directeur de recherche CNRS
– Jocelyne STREIFF-FENART, directrice de recherche au CNRS, Université Nice Sophia Antipolis
– Alain TARRIUS, sociologue, professeur émérite, Toulouse le Mirail
– Jean-Pierre TERRAIL, sociologue, professeur honoraire, Université de Versailles-Saint-Quentin
– Emmanuel TERRAY, anthropologue, EHESS
– Sylvie TISSOT, professeure de sciences politiques, Université Vincennes Saint Denis Paris 8
– Maryse TRIPIER, sociologue, professeur émérite, Paris Diderot
– Sophie WAHNICH, historienne, directrice de recherche CNRS
– Laurent WILLEMEZ, sociologue, professeur des universités, UVSQ
– Karel YON, sociologue, chargé de recherche CNRS, Lille II "
– Karen AKOKA, sociologue, maîtresse de conférences, membre du Gisti
– Étienne BALIBAR, professeur émérite de philosophie politique et morale, Paris Ouest Nanterre
– Marie-Laure BASILIEN-GAINCHE, professeure de droit public, Université Jean Moulin Lyon 3, membre de l’Iinstitut Universitaire de France
– Emmanuel BLANCHARD, maître de conférences en science politique, UVSQ, membre de Migreurop
– Luc BOLTANSKI, sociologue, directeur d’études à l’EHESS
– Anne BORY, sociologue, maître de conférences, Lille 1
– Ahmed BOUBEKER, sociologue, professeur des universités, Saint-Etienne
– Isabelle BRUNO, sociologue, Maître de conférences, Lille II
– André BURGUIERE, historien, directeur émérite à l’EHESS
– Evelyne BURGUIERE, sociologue, INRP
– Claude CALAME, helléniste et anthropologue, directeur d’études à l’EHESS
– Cécile CANUT, cinéaste et linguiste, professeure des universités, Paris Descartes
– Sébastien CHAUVIN, sociologue, maître de conférences à l’Université d’Amsterdam
– Olivier CLOCHARD, géographe, chargé de recherches CNRS, président de Migreurop
– Marguerite COGNET, sociologue, maître de conférences, Paris 7, membre de l’UMR URMIS
– Philippe COULANGEON, sociologue, directeur de recherche CNRS, Sciences Po
– Bruno COUSIN, sociologue, maître de conférences, Lille 1
– Christophe DAUM, anthropologue, maître de conférences, Université de Rouen
– Sonia DAYAN-HERZBRUN, sociologue, professeure émérite, Université Paris Diderot-Paris 7
– Jean-Philippe DEDIEU, sociologue, New York University
– Nicholas DE GENOVA, reader in Urban Geography, King’s College London
– Véronique De RUDDER, sociologue, chargée de recherche CNRS
– François-Xavier DEVETTER, économiste, maître de conférences, Télécom Lille 1
– Éric FASSIN, sociologue, professeur des universités, Paris 8
– Sébastien FLEURIEL, sociologue, professeur des universités, Université Lille 1
– Daouda GARY-TOUNKARA, historien, chargé de recherche CNRS, LAM / Sciences Po Bordeaux
– Nancy L. GREEN, historienne, directrice d’études à l’EHESS
– Jean-Luc GAUTERO, maître de conférences en Épistémologie, Logique et Histoire des Sciences, Université de Nice-Sophia Antipolis
– Virginie GUIRAUDON, sociologue du politique, directrice de recherche CNRS, Sciences Po
– Abdellali HAJJAT, maître de conférences en science politique, Université de Paris-Ouest Nanterre
– Abdelhafid HAMMOUCHE, sociologue, professeur des universités, Université Lille 1
– Martine HOVANESSIAN, anthropologue, directrice de recherche CNRS, Paris 7
– Liora ISRAËL, sociologue, maîtresse de conférences EHESS
– Nicolas JOUNIN, sociologue, maître de conférences, Paris 8
– Smaïn LAACHER, sociologue, professeur des universités, Strasbourg
– Rose-Marie LAGRAVE, sociologue, directrice d’études EHESS
– Sylvains LAURENS, sociologue, maître de conférences à l’EHESS
– Frédéric LEBARON, sociologue, professeur des universités, UVSQ
– Danièle LOCHAK, professeure émérite de droit public, Paris Ouest Nanterre, présidente honoraire du GISTI
– Lilian MATHIEU, sociologue, directeur de recherche CNRS
– Alain MORICE, anthropologue, directeur de recherche CNRS, membre de Migreurop
– Ugo PALHETA, sociologue, maître de conférences, Lille III
– Martyne PERROT, sociologue, chargée de recherche CNRS, section LDH à l’EHESS
– Mathilde PETTE, sociologue, postdoctorante, Lille 1
– Nicole PHELOUZAT, sociologue, IIAC, EHESS/CNRS, membre de la section EHESS de la LDH
– Laure PITTI, sociologue, maîtresse de conférences, Paris 8
– Swanie POTOT, sociologue, chargée de recherche CNRS, Université de Nice Sophia Antipolis
– Stéphanie PRYEN, sociologue, maîtresse de conférences, Lille III
– Romain PUDAL, sociologue, chargé de recherche CNRS
– Mirna SAFI, sociologue, chargée de recherche, Sciences Po
– Grégory SALLE, sociologue, chargé de recherche CNRS
– Camille SCHMOLL, géographe, maîtresse de conférences, Paris 7 Diderot
– Johanna SIMEANT, professeure de science politique, Paris 1
– Patrick SIMON, socio-démographe, directeur de recherche à l’INED
– Maud SIMONET, sociologue, chargée de recherches CNRS
– Serge SLAMA, maître de conférences en droit public, Paris Ouest Nanterre
– Alexis SPIRE, sociologue, directeur de recherche CNRS
– Jocelyne STREIFF-FENART, directrice de recherche au CNRS, Université Nice Sophia Antipolis
– Alain TARRIUS, sociologue, professeur émérite, Toulouse le Mirail
– Jean-Pierre TERRAIL, sociologue, professeur honoraire, Université de Versailles-Saint-Quentin
– Emmanuel TERRAY, anthropologue, EHESS
– Sylvie TISSOT, professeure de sciences politiques, Université Vincennes Saint Denis Paris 8
– Maryse TRIPIER, sociologue, professeur émérite, Paris Diderot
– Sophie WAHNICH, historienne, directrice de recherche CNRS
– Laurent WILLEMEZ, sociologue, professeur des universités, UVSQ
– Karel YON, sociologue, chargé de recherche CNRS, Lille II "
28 MARDI
JUIL 2014
Posted
L’Aïd, premier jour qui suit le ramadan. Jour de fête. On vient en visite. On porte une chemise d’un blanc éclatant malgré les semaines d’errance, les vêtements lavés avec soin la veille, une tenue envoyée pour l’occasion par la famille et qui porte encore les plis du colis. Un repas se prépare, qui prendra toute la journée à se préparer. En attendant, on partage des dates, le thé ou le café. On se salue, on bavarde, on joue aux cartes, la sono offre des musiques diverses venant des téléphones et des mp3 des uns et des autres. L’atmosphère est chaleureuse, et qu’importe si le chef-cuistot est russe et si les dates sont apportées par des chrétiens calaisiens. Un couple fait et partage du thé, un bénévole fait son cours de français quotidien. Des Calaisiens et Calasiennes, des militantes et militants venu-e-s en renfort se mêlent aux exilé-e-s, la fête relie et favorise la rencontre.
L’assemblée générale du jour prend alors un air décalé. Elle est pourtant bien suivie. Elle reprécise la situation actuelle avec le jugement d’expulsion.
Préparée ce week-end par un petit groupe, une lettre ouverte aux autorités est lue, traduite en plusieurs langues et approuvée.
" Monsieur, Madame,
Nous sommes les réfugiés qui squattons cet endroit et nous sommes de différentes nationalités. Nous vous demandons de ne pas faire preuve d’une violence sadique contre nous et de ne pas nous expulser de cet espace sans nous offrir des solutions dignes.
Nous avons fui nos pays à cause de l’injustice, des guerres, de la dictature, du nettoyage ethnique, de la pauvreté, des emprisonnements arbitraires, des persécutions religieuses, des régimes théocratiques qui nous empêchent de jouir de la liberté de croyance et d’opinion : par exemple, au Soudan, boire une bière vous expose à 40 coups de fouet. Nous souffrons de la marginalisation dans nos pays parce-que nous combattons l’oppression de nos gouvernements et par conséquent, nous n’avons pas accès aux soins, aux écoles, nous n’avons accès à rien.
Nous vous demandons maintenant une protection en tant qu’être humain et nous ne voulons pas que notre situation soit utilisée à des fins de propagande politique. Nous demandons au gouvernement, aux associations humanitaires, aux médias, à la population, de nous soutenir et d’être à nos côtés.
Si nous demandons l’asile en France, nous allons devoir attendre de nombreux mois avant d’avoir accès à un abri, alors qu’en Angleterre, en Allemagne, en Hollande, nous avons accès à une maison, à l’école, à de la nourriture, en somme à des conditions de vie dignes. La France nous laisse à la rue pour plus de souffrance.
Nous voulons que la France donne de bonnes conditions de vie aux réfugiés, et s’ils ne peuvent pas faire cela, ils doivent ouvrir les frontières et laisser les personnes passer en Angleterre. Beaucoup de réfugiés qui ont essayé de se rendre là-bas en sont morts, écrasés sous les roues d’un train, d’un camion, d’un bus. Un migrant soudanais qui essayait de rejoindre l’Angleterre caché sur le toit d’un train a été coupé en deux par un pylone électrique, beaucoup d’autres sont morts sous les roues d’un camion ou à l’intérieur de ces derniers qui sont parfois des camions frigorifiques.
Les habitants et habitantes du 10 impasse des Salines, Calais. "
OCCUPATION GALOU : COMMUNIQUÉ DE NO BORDER
28Lundijuil 2014
Posted Non classé in
Ci-dessous le communiqué diffusé hier No Border Calais concernant la situation l’occupation du site de l’ancienne entreprise Galloo par des exilés et leur soutien, suite à la signification du jugement d’expulsion sous 10 jours :
" Forteresse Heure Hope ?
Depuis le 28 mai à Calais, les opérations policières violentes et absurdes contre la population migrante de passage se sont succédées : démantèlement de l’ensemble des espaces de vie, rafles, mises en rétention, destruction du matériel humanitaire, etc… Les exilés ont donc été acculés dans les espaces périphériques de la ville où ils sont condamnés à subir un processus d’invisibilisation et sont en proie au harcèlement policier, à une traque quotidienne, à une lutte permanente pour l’accès à des besoins élémentaires tels que la nourriture, la santé, l’hygiène, la sécurité.
Un ensemble d’individus, de collectifs, d’associations ont décidé de ne pas accepter cette situation et de s’opposer à cette réponse étatique purement répressive en construisant ensemble un espace protégé où l’accès à un minimum de dignité et de sécurité ne serait pas l’objet d’un combat acharné. Un lieu d’expérimentation de vie en commun qui permettrait de mettre l’État devant ses responsabilités en montrant que l’accueil et l’hospitalité ne se limitent pas aux centres de rétention et aux reconduites à la frontière.
Ainsi, depuis le 12 juillet, l’ancien site industriel Vandamme, situé 10 impasse des Salines à Calais, est revenu à la vie. C’est aujourd’hui une centaine de personnes sans-abris, de multiples nationalités, de passage ou non, qui y vivent, et plusieurs centaines d’autres qui le fréquentent pour une tasse de thé, un cours de français, un repas collectif, un jeu de cartes, une douche, une coupe de cheveux , un rasage de près…etc. Plusieurs centaines d’habitant.e.s, de soutiens de multiples horizons, de Calaisien.ne.s curieux qui, chaque jour, animent cet endroit, profitent et construisent un espace de repos et de socialisation multiculturel à l’abri de la violence de la rue, du harcèlement policier, de la traque, du délit de faciès, etc….
Aujourd’hui, l’ultimatum est tombé, « la justice » a tranché : les habitant.e.s du lieu ont 10 jours pour faire leurs bagages et partir. Mais partir où ? C’est la question qui est sur toutes les lèvres des occupant.e.s qui, à ce jour, refusent ce départ forcé et affirment vouloir rester, résister à cet ultimatum si aucune solution d’hébergement digne de leur est proposée. Actuellement, aucune solution de sortie n’a été avancée, la seule réponse étant, comme d’habitude, une décision d’expulsion avec remise à la rue des personnes. Cette mise en danger délibérée et répétée d’autrui ne doit pas être acceptée et ne le sera pas par les habitant.e.s et leurs soutiens qui sont déterminé.e.s à rester si d’autres espaces de vie dignes, assurant la sécurité et le respect de la population migrante dans le passage et des sans abris ne leur sont pas proposés.
Nous avons conscience que ce n’est pas au propriétaire Vandamme qu’incombe la responsabilité de trouver des solutions à cet état d’urgence humanitaire prolongé dans lequel l’État, la mairie et leurs complices ont plongé Calais, mais nous lui demandons de prendre en considération les spécificités de cette occupation. Nous appelons le gouvernement, le préfet, la mairie, à ne pas céder une fois de plus à la tentation du tout répressif et à travailler sur une solution de sortie afin d’accueillir dignement cette population sans abris qui est aujourd’hui hébergée dans des squats faute de toute autre forme de réponse étatique. Nous rappelons au propriétaire et aux autorités que la procédure d’expulsion de ce site était fondée, pour le propriétaire, sur le caractère d’extrême dangerosité de l’endroit. Le recours à la force publique afin de vider le lieux de ses occupan.t.e.s nous semble donc une opération aussi absurde que dangereuse. Avant d’en arriver à envisager la mise en danger d’autrui comme unique solution, il nous semble pertinent, dans l’intérêt de tous et toutes, qu’une autre forme de réponse soit discutée.
NoBorder Calais "
PAROLES DE SOUTIENS 9 – OCCUPATION GALOU
27Dimanchejuil 2014
L’huissière est passée signifier le jugement d’expulsion aux occupants du site désaffecté de l’ancienne entreprise Galloo. Le point avec Marie-Pierre sur ce moment-clé de l’occupation.
Entretien en français :
Vous pourrez retrouver l’ensemble de ces sons en format mp3 surhttp://audioblog.arteradio.com/blog/Passeursdhospitalites/
Si vous souhaitez les utiliser pour une diffusion radio, nous pouvons vous les envoyer en format wav : écrivez-vous à passeurs.dhospitalites(at)laposte.net
OCCUPATION GALOU : L’HUISSIÈRE EST PASSÉE
27Dimanchejuil 2014
Posted
L’huissière est passée hier samedi signifier aux occupants du site abandonné de l’ancienne entreprise Galloo le jugement rendu jeudi. Le délais de 10 jours court donc, et ils deviennent expulsables à partir du 5 août. Un jugement tout entier orienté du côté des intérêts du propriétaire, les droits des occupants n’étant rappelés que pour expliquer qu’ils ne seront pas pris en compte. Le délai légal de deux mois pour quitter les lieux est réduit à 10 jours, ce qui rend ineffective toute possibilité d’appel : les différents appels possibles n’étant pas suspensifs, l’expulsion pourra avoir lieu avant.
Cette décision tend la situation, les exilés ont le sentiment de ne plus savoir où aller en cas d’une nouvelle expulsion, ils savent aussi ce qu’ils ont à perdre, un lieu où ils sont à l’abri de la violence, l’eau pour se laver et laver leurs vêtements, la possibilité de cuisiner ou de recharger leur téléphone portable. Pas grand’ chose, mais des choses si précieuses pour qui vit à la rue. Alors beaucoup disent qu’ils veulent rester, et que ce lieu ils veulent le garder.
Beaucoup de monde cet après-midi à l’occupation Galou. Dernier jour de ramadan, on se lave, et on lave ses vêtements. On recharge son portable pour pouvoir appeler la famille. Quelques personnes sont venues préparer un repas amélioré pour la rupture de jeûne. En fin d’après-midi, une camionnette stationne devant l’entrée, quelqu’un distribue des dates et d’autres vivres.
Et ici un petit film sur les murs qui parlent de l’occupation Galou :
OCCUPATION GALOU : RESTER
25Vendredijuil 2014
Posted
Ambiance étrangement calme aujourd’hui à l’occupation Galou, malgré le verdict d’expulsion tombé hier. On joue aux cartes, on prépare le repas, on lave ses vêtements, on passe un coup de balais dans la cour, on discute en buvant le thé… De pus en plus de femmes fréquentent le lieu pendant la journée – elles sont aussi de plus en plus nombreuses dans les "jungles", puisque le lieu d’accueil prévu pour elles et confié par la préfecture à l’association Solid’R est saturé.
L’assemblée générale prévue à 15h commence avec du retard, surtout du fait d’informations diverses et de choses à mettre au point. L’huissier ne passera que la semaine prochaine notifier le jugement, le délais de dix jours pour quitter les lieux ne courra qu’à partir de ce moment-là.
Ce qui s’est exprimé hier est confirmé : Les habitants veulent rester là, et ne partiront pas de leur plein gré à l’issue des dix jours qui leur sont laissés pour quitter les lieux. Des discussions s’esquissent quant à l’expression de leur volonté commune. Le processus est long à se mettre en place, entre des personnes qui ne se connaissent pas toutes ou pas depuis longtemps, qui n’ont pas toutes de langue et de culture communes, et qui se trouvent à mettre en place un processus démocratique commun.
Le week-end devrait permettre ces émergences collectives. En attendant, à la demande des habitants, des appels à venir et à se mobiliser circulent, comme ici :
SOUTIEN À L’OCCUPATION GALOU / SUPPORT THE GALOU OCCUPATION
25Vendredijuil 2014
Posted
DU 28 JUILLET AU 6 AOÛT – CALAIS ET PARTOUT AILLEURS
JULY 28 TO AUGUST 6 – CALAIS AND EVERYWHERE ELSE
(English bellow)
2 juillet : le terrain aménagé pour la distribution des repas, occupé depuis un mois par des exilés, et trois squats, sont évacués. Plus de 600 personnes sont arrêtées, plus de 200 placées en rétention. Relâchées petit-à-petit, ces personnes reviennent à Calais.
12 juillet : à la fin d’une manifestation, les bâtiments désaffectés de l’usine Galloo sont ouverts et occupés par des exilés et des soutiens. Des douches sont construites, des toilettes et des tentes amenées par Médecins du Monde. L’ancienne maison du patron sert aussi au couchage. Une cuisine et des espaces de vie sont aménagés. La solidarité des Calaisiens et des associations fournit le nécessaire de la vie quotidienne et permet de préparer des repas. Des cours de langue, des concerts se mettent en place. Plus d’une centaine de personnes y habitent, mais le lieu sert aussi de ressource pour les autres exilés présents à Calais.
24 juillet : verdict du tribunal d’instance de Calais saisi par le propriétaire, les habitants ont dix jours pour quitter le lieu qui devient ensuite expulsable. Ce délais de 10 jours commence dès que l’huissier sera venu signifier le jugement, ce qui est possible dès lundi.
Les habitants ne veulent pas partir tant qu’aucune solution leur soit proposée. Ils demandent à toutes les personnes prêtes à les soutenir de se mobiliser :
- en venant participer à la vie du lieu et en faire un lieu de créativité et de résistance. Tous les talents sont les bienvenus pour des ateliers ou toute forme d’expression artistique, et avant tout pour être là en solidarité.
- en interpelant là où vous êtes les autorités françaises, préfectures si vous êtes en France, ambassades et consulats à l’étranger (coordonnées surhttp://www.diplomatie.gouv.fr/fr/le-ministere-et-son-reseau/annuaires-et-adresses-du-maedi/ambassades-et-consulats-francais-a/) pour leur dire que vous soutenez l’occupation et que vous êtes opposé-e à toute expulsion sans solution de relogement.
July 2: the equipped site for the distribution of food, occupied since one month by exiles, and three squats, were evacuated. More than 600 people were arrested, more than 200 are in detention. Released small to small, they return to Calais.
July 2: the equipped site for the distribution of food, occupied since one month by exiles, and three squats, were evacuated. More than 600 people were arrested, more than 200 are in detention. Released small to small, they return to Calais.
July 12: At the end of a demonstration, disused buildings Galloo plant are open and occupied by exiles and supporters. Showers are constructed, toilets and tents brought by Médecins du Monde. The old house of the boss of the factory is also used for sleeping. Kitchen and living spaces are arranged. The solidarity of Calaisians and associations provides the necessary daily life and enables to prepare meals. Language courses, concerts are taking place. More than a hundred people live there, but the place also serves as a resource for other exiles present in Calais.
July 24: verdict of the District Court of Calais seized by the owner, the residents have ten days to leave the place which afterwards becomes liable to expulsion. This time of 10 days begins when the bailiff comes to mean the judgment, which is possible on Monday.
The people do not want to leave them as long as no solution is proposed. They ask all the people willing to support them to mobilize:
- coming participate in the life of the place and make it a place of creativity and resistance. All talents are welcome for workshops or any form of artistic expression, and above all to be there in solidarity.
- in heckling where you are the French authorities, prefectures if you are in France, embassies and consulates abroad (contact details onhttp://www.diplomatie.gouv.fr/fr/le-ministere-et-son-reseau/annuaires-et-adresses-du-maedi/ambassades-et-consulats-francais-a/) to tell them that you support the occupation and that you are opposed to any eviction without rehousing.
L’occupation Galou est entourée de hauts murs qui se sont couverts de mots et de dessins, disant les rêves et les espoirs des habitants et des personnes de passage.
OCCUPATION GALOU : NOUVELLES DU PROCÈS
25Vendredijuil 2014
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Comme on pouvait s’y attendre dans un contexte politiquement miné, le verdict du tribunal d’instance de Calais concernant l’occupation des locaux abandonnés de l’ancienne entreprise Galloo par des exilés et des militants se situe dans un entre-deux bizarre : le délais légal de deux mois pour quitter les lieux n’est pas respecté, l’expulsion n’est pas immédiate non plus; les occupants ont dix jours pour quitter les lieux, à partir de la signification du jugement, à partir de quoi la police pourra procéder à l’expulsion, les recours possibles n’étant pas suspensifs. Il faudra lire les attendus du jugement pour voir quels sont les arguments qui justifient cette cotte mal taillée.
Assemblée générale ce soir à l’occupation Galou : en effet, contrairement aux autorités qui n’ont que la violence pour langage, les exilés et leurs soutiens ont choisi la parole et la décision en commun.
La tonalité générale est de refuser de quitter les lieux. Tous les habitants n’ayant pas participé à l’assemblée générale, les choses doivent être rediscutées avec chacun, et confirmées en assemblée générale demain.
D’ores-et-déjà, toute personne et tout collectif est bienvenu pour apporter son soutien, à distance ou ici, pour que l’occupation Galou soit un foyer de résistance et de créativité.
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