Les forces de l’ordre ont procédé hier matin, dès 6 heures, à l’évacuation du campement situé sur le site de distribution des repas, rue de Moscou, ainsi qu’à celle de trois squats situés en ville. 610 migrants, dont 121 mineurs, ont été évacués
Cela faisait quelque temps déjà que circulait l’annonce de l’évacuation du campement de fortune de la rue de Moscou. Un camp aux conditions sanitaires extrêmes, mis en place par les migrants eux-mêmes, après le démantèlement des campements de la Batellerie et de la rue Lamy le 28 mai dernier. Le week-end dernier, des associatifs y avaient recensé 756 couchages.
Trois interpellations
Hier matin, lorsque les forces de l’ordre ont investi l’endroit à 6 heures tapantes, certains avaient déjà quitté les lieux. Selon des témoignages, les gendarmes mobiles sont entrés dans le campement « sans ménagement. Ils nous ont gazés », insiste ainsi une bénévole, les yeux rougis. Trois personnes ont aussi été interpellées pour outrage et rébellion.
Des informations confirmées par le préfet du Pas-de-Calais, Denis Robin, présent sur place pour suivre le déroulement de l’opération. Celle-ci a eu lieu sur quatre secteurs différents : le principal, rue de Moscou, mais aussi rues Masséna, Auber et de Vic, où des squats avaient été ouverts par des militants No Border il y a plusieurs mois. Selon le préfet, 70 migrants ont été évacués de ces trois lieux. Rue de Moscou, ce sont 540 personnes qui ont dû quitter le site. Parmi elles, des femmes et des enfants. Le préfet a annoncé le chiffre de 121 mineurs évacués sur les quatre théâtres d’opération.
Si le 28 mai dernier les autorités avaient joué la carte de la transparence face à la présence des médias locaux et nationaux, la consigne a été tout autre hier. Les journalistes ont été tenus à l’écart. Tout comme les membres d’associations et autres collectifs qui œuvrent au quotidien aux côtés des migrants. « On ne sait pas ce qui se passe de l’autre côté des bâtiments où les migrants ont été parqués. On nous cache des choses, déplorait ainsi Séverine Mayer, du collectif Calais, Ouverture et Humanité.C’est tout simplement une rafle ! » Denis Robin préférait parler d’une « évacuation qui fait suite à des décisions de justice. Je veux faire respecter l’état de droit ».
Rue de Moscou vers 8 heures, une dizaine de cars ont pénétré dans la zone portuaire pour en ressortir une heure plus tard, occupés par les migrants, sous les encouragements des bénévoles, parqués derrière des barrières. Selon le préfet, les mineurs devaient être dirigés vers des centres d’hébergement à Boulogne-sur-Mer et Béthune. Des adultes devaient être placés dans des centres d’accueil de demandeurs d’asile. D’autres ont été auditionnés dans des centres de rétention administrative, à Coquelles mais aussi Lesquin ou en région parisienne. Avant de retrouver la rue, et de former un nouveau campement de fortune, quelque part à Calais.
Bron :
Delphine KWICZOR et François DEVIN
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