C’est en septembre 2013 qu’on a commencé à se rendre compte que le nombre d’exilés venant d’Afrique de l’est, notamment d’Érythréens, avait augmenté à Calais. On est passé d’un groupe stable d’une quinzaine d’Érythréens demandeurs d’asile à un groupe en pleine croissance d’hommes, de femmes et d’enfants venus pour passer en Grande-Bretagne. Arrivant souvent sans argent, et devant se refaire une place pour accéder aux opportunités de passage.
Cela s’est soldé par une courte période de tension, quelques nuits pendant lesquelles les nouveaux venus ont essayé de se refaire une place avec leurs poings. Puis a suivi une longue période, plusieurs mois, émaillés d’incidents, d’accidents, de morts. Obligés de se loger dans les interstices des opportunités de passage, les plus hasardeuses et les plus dangereuses, ils payent le prix fort. Des mineurs de quinze ou seize ans sont ainsi morts en prenant des risques inconsidérés, de ces enfants des rues que l’Aide Sociale à l’Enfance laisse à leur détresse parce qu’ils sont étrangers.
Puis ils se sont trouvés chassés du centre-ville par les expulsions du 28 mai et du 2 juillet, et se sont fixés à la périphérie, près des lieux de passage, notamment près du port. Ils étaient alors plus nombreux, et ils se sont trouvés plus forts. Et plutôt que risquer leur vie par les chemins les plus dangereux ils ont choisi d’utiliser leur nombre, pour s’affranchir des passeurs, et dérouter la police et la sécurité du port. Ça a été cette tactique nouvelle d’arriver à plusieurs dizaines, voire deux ou trois cents, d’entourer les camions et de forcer l’entrée des parkings pour que quelques-uns puissent se glisser dans un véhicule ou au-dessous et tenter leur chance.
Le préfet en est indigné, de ces "migrants" qui se passent de passeurs et n’ont plus peur de la police. Et pour toute réponse, la police en effectifs renforcés, cogne.
Tenter le passage avec les moyens qu’on a, et aujourd’hui ceux que donne le nombre. Mais aussi affirmer ses droits comme personnes humaines. Après discussion entre les différents campements et les différentes communautés les exilés ont organisé une manifestation le 21 août, puis une autre le 5 septembre.
Pour dire qu’ils ne sont pas des chiens qu’on cogne parce qu’ils veulent aller ailleurs. Pour rappeler qu’ils vivent à la rue dans un pays où le moindre chien perdu est accueilli dans un refuge de la LPA. Pour revendiquer leur droit de construire leur vie dans le pays de leur choix.
Pour affirmer leurs droits, comme personnes humaines.
À écouter :
Source : https://passeursdhospitalites.wordpress.com
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