Calais: un squat évacué, huit interpellés, le récit de la journée (vidéo)
Action coup de poing des No Border pour interpeller sur la mise à l’abri des exilés. Hier, à Calais Nord, un squat a été ouvert, évacué et huit personnes interpellées
En réponse au démantèlement d’une partie de la Jungle ce mois-ci, un nouveau squat a été ouvert matin par le collectif « Salut ô toit » dans un lieu symbolique : un ancien foyer d’hébergement pour des femmes en détresse, voulant alerter sur la nécessité de mettre à l’abri les exilés.
11h
Activistes No Border, dont certains investis à Calais depuis des années, et militants en soutien ouvrent un nouveau squat, rue des Prêtres et Eustache de Saint-Pierre. Tout est calme, les portes closes, sans traces d’effraction à première vue, rien ne laisse imaginer un nouveau squat.
12h30
La police passe à proximité. Dans la foulée, le squat est rendu officiel et un appel à soutien lancé.
13h30
Philippe Mignonet, adjoint à la sécurité, se rend sur place, suspectant une nouvelle occupation.
14h
Peu après 14h, une sono est installée rue Eustache de Saint-Pierre, des banderoles « Un toit pour tous » sont déployées. Une vingtaine d’activistes mais aussi de membres associatifs et de citoyens les rejoignent. Une activiste explique : « les expulsions (de la Jungle, NDLR)sont illégales : la mairie a donné ce terrain et les gens ont été expulsés ! », fulmine-t-elle, rappelant les déménagements forcés de l’an passé, amenant les migrants à la Jungle. Et d’enfoncer le clou : « Ouvrir une maison c’est une manière alternative de répondre aux engagements auquel l’État ne répond pas ». Un autre peste contre la violence du démantèlement « alors qu’ils avaient promis le contraire. » Martine Devries, venue en soutien à titre personnel, ancienne reponsable locale Médecins du monde et présidente de la Plateforme de services aux migrants, se désole : « Je ne sais pas si ouvrir un squat est une solution mais je pense qu’on est trop résigné à voir 3 500 personnes à la rue. Le scandale existe, et on fait comme ci c’était normal. Là, des gens font quelque chose… L’État français n’est pas capable de mettre les gens à l’abri. »
http://www.nordlittoral.fr/accueil/calais-un-squat-evacue-huit-interpelles-le-recit-de-ia0b0n295635
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14h30
Alors que les fourgons de CRS se positionnent, le vendeur d’une friterie explique que des activistes « sont venus chercher des frites ce midi. Ils nous ont donné un tract pour expliquer tout ça. On n’a pas la même opinion qu’eux mais ils ont été corrects et aimables. » Et d’ajouter : « Ouvrir un squat ce n’est pas normal mais ce n’est pas normal de démanteler la Jungle. Si on fait ça, il faut les mettre ailleurs ! » Une autre riveraine laisse sa colère exploser. « Dégagez », lance-t-elle à la presse, agressive. Un commerçant de la rue de Thermes ne cache pas non plus sa fureur face à l’arrivée d’un squat à deux pas.
15h
Les renforts de police arrivent. Les CRS, placés devant la porte d’entrée, côté rue des Prêtres, se déplacent sur le trottoir en face. Des militants barricadent l’entrée, de l’extérieur. D’autres sont sur le toit, avec des jerricans remplis d’eau.
16h
Le périmètre est cerné de CRS, qui s’équipent, et d’une cinquantaine de soutiens aux exilés.
16h40
Les CRS tentent d’entrer à coup de bélier rue Eustache, puis défoncent un volet. Rue des Prêtres, une dizaine de militants sont délogés, certains traînés violemment par les pieds après la sommation de quitter les lieux. Pour l’un d’eux, cette « violence n’est rien comparée à ce que vivent les gens dans la Jungle ». Les militants sont repoussés.
17h
Une riveraine ouvre sa porte aux CRS, rue de Thermes. D’autres sont sur le toit du squat, interpellant les huit militants.
17h30
L’évacuation est finie, les militants, « 8 No Border », selon Philippe Mignonet, emmenés et placés en garde à vue. Il explique que la maire « a été avertie et a directement averti le ministre de l’Intérieur, dont le directeur de cabinet a dit qu’il ferait le nécessaire comme c’était convenu : zéro squat », précisant la présence de 160 fonctionnaires pour l’évacuation et assurant que le propriétaire « a été contacté par la police ». Les accès du lieu ont ensuite été murés.
19h15
L’agent de la sous-préfecture d’astreinte confirme « le placement en garde à vue de 8 personnes au commissariat de Calais » sous motif « dégradations volontaires et violation de domicile précisant que, pour le moment, aucun dépôt de plainte n’était réalisé. « Quand l’opération a été lancée, le propriétaire n’était pas connu. Il n’a pas pu être contacté. » L’ordre de déloger les militants « a été donné par le substitut du procureur de permanence». A 21h, les gardes-à vue étaient toujours en cours.
D. K.
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