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Huit personnes avaient été arrêtées sur le toit du squat ouvert dimanche dernier dans les locaux abandonnés où se trouvait anciennement le centre d’hébergement d’urgence du Moulin blanc (voir ici et là). L’ouverture de ce squat était une réponse à la destruction de la partie sud du bidonville de Calais et à l’expulsion de près de 3500 personnes (voir ici, ici, ici et là).
Trois personnes de nationalité française ont été libérées sous contrôle judiciaire en attente de l’audience qui devait avoir lieu aujourd’hui. Les cinq personnes de nationalité étrangère ont été placées en détention provisoire, les deux hommes au centre pénitentiaire de Longuenesse, près de Saint-Omer, les deux femmes à la maison d’arrêt de Sequedin, près de Lille.
Aujourd’hui jour de l’audience, les trois personnes libérées étaient présentes, les deux hommes détenus à Longuenesse avaient été amenés au tribunal sous escorte, mais aucune escorte n’avait été prévue pour les trois femmes détenues à Sequenin. Il leur a été proposé un procès par visioconférence, ce qu’elles étaient en droit de refuser, et ce qu’elles ont refusé. En effet, la comparution immédiate laisse très peu de temps pour préparer sa défense, et la rencontre avec l’avocat se fait en général au tribunal, juste avant l’audience, ce qui était là impossible.
L’audience a donc été repoussée à vendredi 1er avril, et les juges ont eu la sagesse de libérer tout le monde sous contrôle judiciaire, malgré le réquisitoire du procureur demandant le maintien en rétention.
Mais ce n’est pas tout. Les deux hommes de nationalité étrangère ont reçu une Obligation de Quitter le Territoire Français (OQTF), la préfecture arguant qu’à partir du moment où ils étaient poursuivis ils étaient coupables d’un trouble à l’ordre public. Conception singulière de la présomption d’innocence. A priori les trois femmes n’auraient pas (encore ?) reçu d’OQTF.
C’est devenu une habitude de la préfecture du Pas-de-Calais de fulminer des OQTF à l’encontre de ressortissant-e-s d’autres pays européens solidaires des exilé-e-s. Suite à la manifestation du 23 janvier à Calais, trois manifestantes italiennes résidant en France avaient ainsi été placées en rétention pour être renvoyées en Italie. Suite aux violences policières qui ont eu lieu le premier jour de la destruction de la partie sud du bidonville de Calais (voir ici, ici, iciet là), deux bénévoles de l’association humanitaire L’Auberge des Migrants, un Britannique et une Allemande, avaient également été victimes d’une OQTF. Les tribunaux annulent ces décisions illégales de la préfecture, mais la menace reste, et la privation de liberté pour les personnes placées en rétention.
Le délit de solidarité (voir ici, ici, ici et là), sous des formes diverses, reste profondément ancré dans la tradition répressive française.
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